Les collages d’Aurelio (artiste collagiste)
Les magazines constituent la matière première de ses réalisations. Les feuilleter est non seulement une source d’inspiration inépuisable mais également une forme de thérapie
méditative. Il ne sait jamais sur quoi il va tomber, c’est une opération magique et stimulante. Le pouvoir que les images exercent sur lui est immense et ouvre la porte à une infinité de scénarii. « Voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant » dit le poète espagnol Antonio Machado. Pour ses collages, Aurelio aime découper une image qui l’interpelle, la détourner de son sens premier pour la conjuguer avec habileté avec d’autres belles images, et lui donner enfin un nouveau visage. Chercher, découper et son imaginaire fait le reste.
C’est la réussite de la combinaison qui va provoquer sa joie et sa satisfaction. Ses choix ne sont en rien le résultat du hasard ou d’un objectif spécifique qui le guiderait mais bien l’aboutissement heureux qui, pour des raisons d’harmonie esthétique et artistique fait le plus sens pour lui.
Onirisme, poésie, humour, voyage intérieur, mystère, fantaisie sont les principaux ingrédients de ses compositions. Chaque collage va susciter une résonance dont seul le spectateur a les clés. Chaque collage va transporter le spectateur vers un inconnu ou un domaine qui lui est propre. Il en résulte un travail particulièrement pertinent qui provoque et aiguise l’esprit du spectateur.

CORINE PAGNY : LA QUINTESSENCE DU TRAIT

L’indicible érigé en forme de palimpseste joyeux ou grave, Corine Pagny trace dans le plan et l’espace des formes et des visages. Graphisme délié, ponctué de couleurs vives. Scènes minimalistes prises à même le sujet. Ambiance expressionniste où la trajectoire curviligne du trait sombre évoque les dernières œuvres du grand Antoni Clavé ou les réminiscences cyclo-esthétiques de Paul Smith œuvrant pour Rapha.

Ce qui frappe au premier regard, c’est la vitesse lucide et lumineuse qui porte le trait à l’essentiel du signifié. Comme dans un texte de Robert Zimmerman ou une lithographie de Bob Rauschenberg. Tout est dit immédiatement. Sans remord, sans recours, sans artifice. Le mouvement de l’artiste rejoint sa volonté poétique d’expression. Comme dans une évidence en noir sur blanc. Sans autre limite que l’émotion née de l’imaginaire. L’encre alors, mais aussi l’aquarelle, l’acrylique ou la craie, autant de techniques au service du geste.

Rejoignant la dramaturgie esthétique d’un Franta ou d’un Ali-Khodja, l’œuvre se pose et s’affirme tandis que le trait prend consistance avec des à plat et des coulées. Le sujet s’expose et explose. Tout de beauté, de souffrance, de présence et d’absence. Il y a du vertige en suspens. De l’amour. De la haine. De la vie en dépit de tout.

Je ne connais réellement Corine Pagny que depuis peu. Mais j’ai la révélation d’un travail attachant et impressionnant qui me restitue de manière drastique la globalité d’une vision artistique contemporaine. Sans stratégie mercantile, sans a priori médiatique ou critique, le travail au long cours de Corine Pagny est une invitation à l’introspection mélancolique. Mieux qu’un voyage, une idée de tous ces autres nous-mêmes que nous espérions rencontrer chemin faisant. D’une rive à l’autre d’une histoire de l’art qui se confond avec l’histoire des peuples, il y a là matière à redonner consistance esthétique aux rêves les plus fous.

Salvatore Lombardo

(Directeur d’Art Sud – Historien d’Art)

Corine Pagny nous livre depuis une dizaine d'années ses paysages émotionnels, ses traces mouvementées de corps élégants et voluptueux, nés de la rencontre entre l'encre sèche et la sueur de l'or. Cet équilibre entre élégance et érotisme se joue à une torsion près, un déhanchement inachevé, un regard pudique détourné. C'est, je crois, cette fuite du regard qui me bouleverse le plus dans les Gestes Nus. Le lien qui se tisse entre le modèle et l'artiste se perçoit bien plus dans ce recueillement et cette mise en soi accordés au modèle que dans l'exposition de la nudité du corps.

C'est là qu'on perçoit tout le talent de Corine, qui ne réside pas seulement dans cette maîtrise du trait et dans l'expression de la sensation mais dans le rapport à l'autre qui conditionne les séances de pose. La question de l'autre, la frontière qui nous sépare de nos dissemblables est au centre du travail de Corine et son engagement humanitaire se devait de déboucher sur un travail artistique.

La rencontre avec les migrants regroupés à Calais l'a non seulement bouleversée mais convaincue qu'il fallait mettre en traits ces hommes et femmes errants, ces héros et héroïnes des temps déchus de ce début du XXIème siècle.

En leur donnant trait, elle transcende leur parcours, redessine leur dignité, témoigne de leur humanité. Ils ne posent pas pour elle, elle les pose. Sa préférence va aux portraits de femmes, dont elle connaît déjà tous les contours mais qu'il a fallu percevoir sous un angle nouveau, celui non pas du déroulement de soi propre à ses nus mais de l'enroulement sur soi propre aux conditions extrêmes de vie des migrantes. Et nous d'affronter le regard qui se baisse ou se ferme, sauf quand il s'élève pour prier, et de l'accepter, même si on voudrait le capter et l'écouter.

Et nous de sentir l'immense vide des abîmes où sont suspendus ces corps recroquevillés, ces êtres que rien ne relie à la terre, au territoire, ces femmes dans l'au-delà des frontières. Corine n'a pas oublié de montrer combien elles sont élégantes, dans cette souplesse fœtale, dans leur lutte contre le froid. Elle n'a pas oublié de montrer comme elles sont belles, ces cousines du sud qui portent encore au creux de leur cou la poussière d'or du continent africain.

Astrid Chaffringeon

Jean-Pierre Champdavoine présente des œuvres issues d’un travail authentique.

Le BIT, en partenariat avec LECAP, présente à Chapelle Saint Marc, galerie du bureau d’information touristique intercommunal de Brou, jusqu’au 31 août les œuvres de l’aquarelliste Jean-Pierre Champdavoine ex-enseignant en Arts Plastiques au Lycée de Nogent de Rotrou. Il a pris sa retraite en 2001 et cette liberté de temps lui permet de développer toutes les facettes de son art et faire découvrir aux spectateurs toutes les beautés du Perche .  « Il faut que je respire ce que je peints et que les couleurs se chahutent. Je ne fais pas une peinture cérébrale mais une peinture d’émotion. Avec toutes ces années de pratique eh ! bien, je doute mais l’envie et la passion m’animent toujours» déclare-t-il.

Jean-Pierre Champdavoine est un amoureux de l’espace du ciel et de la terre après avoir exercé son art sur le motif pendant 35 ans, maintenant ,il travaille dans son atelier à partir de photos qu’il j'utilise comme de la documentation. « Mes aquarelles sont réalistes mais l’essentiel c'est de prendre toute liberté avec le réel, de ne pas figer vision, de privilégier l'instant, la lumière, le cadrage, tout en prenant le temps de la réflexion et de l’analyse » Au premier abord, le visiteur non averti peut prendre ses créations pour des photographies, ou des trompe-l’œil. Ce n’est pas le cas car il s'agit bien d'aquarelles, très réalistes qui subliment la réalité , et proposent une vision de la nature étonnante et très libre.

Ce passeur d’émotions et d’images qui peint avec ses tripes est ouvert à tous les types de créations. Il n’est pas contre la peinture intellectuelle. « Entre le figuratif et le non figuratif chacun à sa place. »  Entre des œuvres conceptuelles-philosophiques et des travaux apparemment plus accessibles le spectateur se devrait de pouvoir exercer son jugement et avoir la possibilité de détecter les artistes qui ont une démarche sincère . Jean-Pierre Champdavoine dans les tous les cas, fait partie de ceux-là et il propose aux spectateurs des œuvres issues d’un travail authentique.

Informations : BIT/OTI Rue de la Chevalerie. 28 160 Brou. Tél : er 02.37.47.01.12 - Mail : otsi.brou.28@orange.fr . Du Mardi au Samedi : 9h30-12h30 et 14h30-18h30.