Forts de l'expérience de 2010, les organisateurs ont proposé une version améliorée de cette animation participative, qui a regroupé lundi soir une quarantaine
d'adeptes de l'orthographe. Trois textes au lieu de 5, issus de la littérature classique, ont été dictés par 4 volontaires. Eh oui, l'un des textes a fait l'objet d'une dictée à deux voix sous
forme d'un dialogue. D'une durée de 45 minutes, elle a suscité la concentration des participants, dont une partie composée d'adolescents, membres du conseil municipal des jeunes. Le moment
venu, la correction, réalisée par échange de copies, a été projetée sur grand écran et commentée au micro par un des membres de l'association. Elle a suscité nombre de questions avant
que les organisateurs n'établissent le classement. La remise des prix, rendue possible par un soutien accru des fidèles sponsors de l'association, a été suivie d'un apéritif convivial puis du
pique-nique collectif devenu tradition.
LES PHOTOS
Le premier texte, le plus simple, pour se mettre en "jambes".
Les dicteurs se
préparent.
Lecture à deux voix
Travailleurs de l'ombre.
Concentration intergénérationelle.
La jeune maire avait ammené ses conseillers.
Correction vidéoassistée.
Correction parfois chahutée.
Remise des prix très applaudie.
L'important, c'est de participer !!!!!!!
_______________________________________
LES TEXTES 2011
N°1 / Le petit prince et le renard
« Regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé
pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé !
Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé... » Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince : « S'il te
plaît... apprivoise-moi! » dit-il.
- Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des
amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le
temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami,
apprivoise-moi ! »
Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) — Le Petit Prince
N° 2 / La noce (L'Assommoir –Émile Zola)
Tout en marchant très lentement, ils arrivèrent à la mairie une grande demi-heure trop tôt. Et, comme le maire fut en retard, leur tour vint
seulement vers onze heures. Ils attendirent sur des chaises, dans un coin de la salle, regardant le haut plafond et la sévérité des murs, parlant bas, reculant leurs sièges par excès de
politesse, chaque fois qu'un garçon de bureau passait. Pourtant, à demi-voix, ils traitaient le maire de fainéant ; il devait être pour sûr chez sa blonde, à frictionner sa
goutte ; peut-être bien aussi qu'il avait avalé son écharpe. Mais, quand le magistrat parut, ils se levèrent respectueusement. On les fit rasseoir. Alors, ils assistèrent à trois
mariages, avec des mariés en blanc, des cortèges interminables de messieurs et de dames sur leur trente et un, l'air très comme il faut.
Émile Zola (1840-1902) — L'Assommoir
N° 3 / BALBEC
Le narrateur :
Cette fois-là, nous rencontrâmes presque tout de suite la grande, Andrée. Albertine dut me présenter. Cinq messieurs passèrent
que je connaissais très bien de vue depuis que j’étais à Balbec. Je m’étais souvent demandé qui ils étaient.
Albertine :
« Ce ne sont pas des gens très chics. Le petit vieux, qui a des gants jaunes, il en a une touche, hein, c’est le dentiste de Balbec. C’est un brave type. »
Le narrateur :
« Et le rougeaud ? »
Albertine :
« C’est le maire. Il y a avec lui le conseiller général, qui s’est mis du côté des républicains, pour de l’argent. Le maigre, c’est le chef
d’orchestre. Il donne un concert ce soir. »
Le narrateur :
Albertine salua deux jeunes filles qui faisaient tournoyer leur ombrelle.
« Ah, vous connaissez ces petites ? Elles sont très gentilles. »
Albertine :
« Oui, mais tellement bien élevées qu’on ne les laisse pas aller au Casino. Et puis, elles s’habillent d’une manière ridicule. Madame Elstir, voilà une femme élégante. »
Le narrateur :
Albertine éprouvait une grande admiration pour Elstir et ses tableaux, dont elle parlait avec enthousiasme. Chez elle, le goût de la peinture avait presque
rattrapé celui de la toilette.
Marcel Proust (1871-1922) – À l’ombre des jeunes filles en fleurs